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07-04-2025
Le Contrat de Quartier Durable « Les Marolles » : La perception des acteurs et actrices du quartier
Développement des Quartiers
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A la fin du Contrat de Quartier Durable « Les Marolles », SoHab a dressé un bilan avec ceux et celles qui y ont participé : les associations, les habitantes et habitants du quartier, les porteurs et porteuses de projets.

Pendant le mois de septembre 2023, SoHab a enquêté sur les perceptions des effets et des résultats du Contrat de Quartier, y inclut des projets soutenus. Trois moments ont donc été organisés pour interviewer les personnes impliquées :

  • Lors de la (dernière) fête annuelle « Bye-Bye (l’) Antenne ! » du CQD Marolles
  • Lors d’une marche exploratoire du quartier avec des associations qui ont mené un projet ;
  • Lors d’un apéritif débat le 29 septembre.

En complément à la quarantaine de questionnaires complétés, l’association SoHab partage dans cet article également ses propres constats, réflexions et questions en tant qu’actrice du quartier.

Le Contrat de Quartier Durable (CQD) Les Marolles (2018-2026) est un programme de revitalisation urbaine dont l’objectif est d’améliorer le cadre de vie du quartier des Marolles en le rendant plus accueillant et convivial au travers de projets de logements, d’équipement et d’espaces publics. D’autre part, une quinzaine d’organisations locales se sont mobilisées pour renforcer l’identité du quartier, la cohésion sociale et, de manière générale, la qualité de vie et le bien-être des riverains. 

Le CQD Marolles, un amplificateur d’énergie

Un effet positif du CQD Marolles sur lequel tout le monde s’entend, c’est l’élan insufflé pour le quartier. La liste des différents projets mis en œuvre comprend un nombre important d’initiatives de plus ou moins grande ampleur :

  • D’une part, 39 microprojets financés par le dispositif « Made In Marolles ». Ce dispositif annuel, mené sur 4 éditions, a octroyé des subventions comprises entre 500 à 10 000 euros,
  • D’autre part, 15 projets socio-économiques pluriannuels (entre 1 et 4 ans) dotés d’un financement pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros.

Le CQD Marolles a constitué un vrai soutien, localement. Les porteurs de projets ont particulièrement apprécié la possibilité de tester et innover, car les thématiques éligibles étaient assez larges (“améliorer la vie de quartier”). La diversité et l’originalité des projets proposés en sont la preuve. Les habitantes et habitants, quant à eux, ont généralement bien accueilli les investissements réalisés, en particulier pour les événements conviviaux ou les aménagements dans l’espace public.

Le CQD Marolles, un dispositif associatif, mais pas assez inclusif ?

Cependant, un constat se dégage : le CQD Marolles n’a pas réellement réussi à inclure les habitants au-delà de leur participation aux actions et projets portés par les associations. De manière générale, les habitantes et habitants connaissaient rarement le dispositif général des Contrats de Quartier Durable (« un contrat quoi ? »). Et, bien que ce dispositif soit complexe à appréhender dans toutes ses dimensions, les acteurs associatifs interrogés estiment qu’il pourrait gagner en inclusivité, notamment en réduisant le formalisme.

L’appel à initiatives “Made In Marolles” en était un bon exemple. Même s’il est ouvert aux associations, il vise principalement les citoyennes et citoyens du quartier. Pourtant, sur les 31 porteurs de projets des quatre éditions, seuls six étaient des habitantes ou habitants ou des collectifs d’habitants.

Une des explications pourraient être que le dispositif « Made In Marolles » ne permet pas aux personnes investies de vivre de leur projet, car le subside n’autorise pas de rémunérer les porteurs. Un autre frein est l’aspect administratif, qui, bien que peu contraignant pour les associations, l’était beaucoup plus pour les habitants, en particulier concernant la liquidation du financement. En effet, la dernière tranche du subside (20 %) n’est versée qu’après la remise des rapports d’activité, une fois le projet terminé, ce qui oblige les porteurs de projets à avancer une partie des fonds. Et la procédure peut être longue. D’autres mécanismes, dans lesquels les acteurs associatifs pourraient jouer un rôle, sont donc à imaginer pour ne pas décourager les habitantes et habitants à proposer des projets. L’accompagnement spécifique par un “tiers-acteur”, une organisation tierce qui n’est ni de la Commune, ni de la population, et qui réunit et organise en continuité les différentes forces du développement social urbain autours des projets citoyens au-delà du cadre des CQD, révèle ici toute sa plus-value et sa nécessité (voir les enseignements de la publication “Le Budget Citoyen”, page 91-96, publié par SoHab).

Les Commissions de Quartier (CoQ) semblent également manquer de flexibilité et d’inclusion. Elles jouent finalement un rôle davantage informatif plutôt qu’être une véritable agora où pourrait se construire collectivement une vision commune pour l’avenir du quartier. Par conséquent, même les acteurs associatifs se sont désengagés au fil des années. Lors des deux dernières séances, seuls les porteurs de projets socio-économiques sont venus présenter leur rapport d’activité, en présence d’un ou deux habitants.

Les acteurs associatifs insistent pourtant sur l’importance d’au moins bien informer les habitants sur les projets en cours, et de veiller à ce que ces projets ne soient pas seulement conçus pour eux, mais également avec eux, en les consultant en amont et en respectant leurs priorités (approche bottom up). Cependant, ces mêmes acteurs associatifs sont bien conscients que mobiliser les habitants autour des enjeux du quartier est un défi constant, et que la recherche des canaux de communication appropriés est une tâche continue.

Parmi les solutions discutées avec les personnes interviewées, est envisagée la mise en place d’une équipe du Contrat de Quartier encore plus proche des habitants. Cette équipe serait présente lors des différents moments de la vie du quartier, prenant le temps de se présenter et d’expliquer leur démarche de manière informelle, par exemple autour d’un café, sous une tonnelle, en rue, pour favoriser des échanges plus naturels et moins formels.

Une invitation ouverte pour rêver ensemble aux Marolles de demain

Ce CQD ne semble pas avoir réussi à créer une communauté suffisamment forte entre les acteurs du quartier autour des enjeux post-Contrat de Quartier. Sur une invitation de SoHab à une réunion pour réfléchir ensemble à l’avenir, un seul partenaire, vivant par ailleurs dans le quartier, a répondu présent. Pourtant, la réponse à la question, comment faire perdurer la dynamique impulsée par le Contrat de Quartier, doit être construite collectivement, en collaboration avec les acteurs du quartier, qu’ils soient de passage ou bien ancrés, institutionnels ou citoyens. Il est crucial de continuer à se rassembler autour des enjeux du quartier et de rêver ensemble aux Marolles de demain. L’invitation reste ouverte !

C’est quoi l’après ? Quelqu’un connait la réponse ? Peut-être elle est à construire ensemble ?


Le debrief en Brol des acteur et actrices des Marolles sur le Contrat de Quartier Durable, illustré par Silvia Alba (lesswalls), sur base des ressentis recueillis par SoHab, publié par La Ville de Bruxelles dans la Chronique du Contrat de Quartier Durable Les Marolles en juin 2024

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